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Lavis noir
10 avril 2008

47. Nettement mieux

doux_zephir

47. Nettement mieux

    En sortant de chez Fabio, Lekervelec enfila la rue de la Réunion pour rejoindre le métro Avron, direct pour Barbes. En marchant, Loïc le Magnifique, Loïc l’Epique, Loïc le Fantastique, Loïc pensait. Et Loïc ourdissait un nouveau plan de merde bien pourri, dont il était encore une fois persuadé, que, cette fois, c’était le bon. Son idée c’était qu’il allait faire disparaître un des deux faux lavis, et remettre le vrai dans le circuit en le désignant à Fabio comme étant le vrai. Ce qu’il serait, par le fait… Il lui restait à déterminer lequel il allait supprimer, sachant qu’il condamnait automatiquement le présumé propriétaire : Miche ou Lulu, l’un ou l’autre allait y passer, si Fabio tenait sa promesse. Et Fabio, c’était plutôt l’homme de parole.

    Loïc se mit donc à réfléchir posément. D’abord, il avait noté, discrètement, que Fabio avait repéré les lavis d’une petite marque au dos de chacun. Le rital ne s’était pas trop cassé le fion pour les distinguer, puisqu’il avait simplement mis un petit « l » et un petit « m », dont Loïc, perspicace, avait supposé, non sans raison, qu’il s’agissait des initiales de Lulu et Miche. Ensuite, il commença à se demander qui il allait sacrifier. Lulu Hortec était, de loin, celui qui présentait plus de danger vivant que mort. Même comme ami, Lulu c’était un nid de crotale à lui tout seul, alors s’il venait à apprendre que Loïc expertisait le Van Dongen supposé authentique qu’il lui avait lui-même remis, il risquait d’y avoir de la merde dans l’ventilateur ! La voie de la sagesse lui commandait de désigner Lulu comme l’heureux possesseur du faux Van Dongen. Mais d’un autre côté, alors qu’il pouvait revendiquer auprès de Lulu la propriété finale du dessin original, Miche, elle, se considérait comme l’unique dépositaire, et propriétaire même, du lavis confié par Elo. Et la Miche, il la connaissait, elle lui ferait un superbe bras d’honneur s’il essayait de récupérer ne serait-ce qu’une infime partie de la caution engloutie par Elo.

    Le dilemme était donc le suivant : soit il jouait la carte Miche, et il se débarrassait d’un gros danger potentiel mais perdait à jamais l’espoir de gratter un peu de thune dans cette histoire à la con ; soit il jouait la carte Lulu, et il pouvait espérer un truand-agreement avec Lulu, où il perdrait pas toutes ses billes. Mais il faisait zigouiller Miche la Gratouille, une brave gouinasse qui lui avait rien fait. Le choix était cornélien et la décision racinienne : le drame qui se nouait devait aboutir à une tragédie. Et Lekervelec était bien emmerdé. Et soudain, alors qu’il approchait du carrefour de la rue d’Avron et de la rue Planchat  Loïc Lekervelec, peintre de cul et crapule de fantaisie, Loïc eut une révélation : il avait le pouvoir de vie et de mort sur deux personnes, deux êtres humains comme lui, deux créatures de Dieu… la tête lui tourna un peu: sa nouvelle condition de démiurge lui montait à la cervelle, et il faillit s’évanouir. Il retint sa respiration, devint tout pâle et péta un coup: tout de suite ça alla nettement mieux.

à suivre

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Commentaires
S
repris du texte aussi, inch allah.
B
Du coup j'suis moyennement rassuré!...
S
deux créatures de Dieu.
H
j'aime quand vous etes beaux,my friends.
S
en même temps avec de la merde dans le ventilateur.
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