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Lavis noir
17 mars 2008

40. Malade

la_chambre

40. Malade

Josy - pauvre agnelle - marchait, seule sous la pluie battante qui faisait luire les pavés de la rue Cortot. Une mélancolie évanescente sourdait imperceptiblement des murs suintants de la maison d’Elo, devant laquelle Josy se trouvait maintenant. Un vrai temps de merde, pensa-t-elle, car elle avait l’âme sensible. Josy dépassa la maison de la chanteuse et s’abrita sous le porche du Musée Montmartre, pour attendre Loïc.

A sa sortie de l’hôpital Loïc Lekervelec avait été fermement convié, par le juge d’instruction Teurman et l’inspecteur Garrin, à la reconstitution du meurtre d’Elo par Vlad. Bien qu’encore mal remis du méchant coup d’navaja que lui avait balancé le crestman, les représentants de l’ordre et de la loi, avaient particulièrement insisté pour que Loïc vienne leur montrer où il avait très exactement ramassé l’arme du crime. C’était la première fois que Loïc revoyait Vlad depuis cette séance où, ce dernier après avoir hurlé sa fureur et balancé la gratte à travers la pièce, avait été pris d’un accès de fureur démente et l’avait piqué au bide avec la navaja encore maculée du sang d’Elo. Loïc avait dévalé les escaliers en se tenant le ventre d’où le sang pissait dru, et s’était affalé dans la rue, alors qu’il essayait de se sauver, poursuivi par un Vlad titubant et éructant : « j’vais t’planter de bas en haut, j’vais t’planter de bas en haut ».

C’est Omar, un congolais, un peu plus grand que Hulk en moins maigre, et qui faisait videur dans un cabaret à Pigalle, qui arrêta Vlad d’une légère pichenette de deux livres d’os de main avec beaucoup de viande autour. Police secours embarqua Vlad, tandis que les pompiers foncèrent déposer Loïc aux urgences à Beaujon. Très vite le bib des urgences décida qu’il fallait opérer Lekervelec, dont l’intestin avait été perforé, et c’est comme ça qu’il se retrouva avec cinquante centimètres de grêle en moins. Les sept mètres cinquante restants furent raboutés au colon, et roulez jeunesse, Loïc pourrait à nouveau s’enfiler les tripes à la mode de Caen et les rognons à l’ancienne, que Josy lui rapportait régulièrement du Nord Sud.

Pendant son séjour à l’hosto, les flics lui avait interdit toute visite, car ils voulaient avoir la primeur de la belle histoire qu’il allait leur servir, pour expliquer la double présence chez lui d’une arme de belle dimension et d’un punk sauvage. Et quand Garrin, après l’feu vert de la Faculté, vint l’interroger, Loïc, encore équipé d’une sonde gastrique et perfusé de partout, se fit un plaisir de se mettre à table et, sans faire le malin, il raconta tout, le coup du lavis, de la caution qu’il voulait récupérer, la porte ouverte et l’incompréhensible pulsion qui lui avait fait prendre la navaja. Bien sûr, il n’évoqua ni le faux lavis, ni sa visite à Toussaint, ni ses conversations avec Miche. Il pensait, non sans raison, que ses amis préfèreraient rester modestement à l’abri des coups d’projo des j’t’harponne…

Et ce furent eux, les flics, qui allèrent le cueillir à sa sortie d’hôpital pour être sûr qu’il lui prendrait pas l’envie d’aller faire une virouze en solo du côté de Ploumagoar. C’est pour ça que Josy - pauvre agnelle - l’attendait sous la flotte, rue Cortot. Il n’y avait pas que Josy, d’ailleurs, qui l’attendait, Loïc, rue Cortot. Si elle avait eu la curiosité de se retourner, Josy aurait pu apercevoir, dans la vitrine de la pharmacie à l’angle de la rue du Mont Cenis, l’ombre de Fabio qui zyeutait sombre vers elle. Probable que Fabio, il était malade…

(à suivre…)

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Commentaires
B
Le retour du jeudi... 'tain, merde, Kiki, t'es trop con!... Et c'est quasiment du compliment...
K
Ouh la la, Vlad que ça s'accélère! Next page, plizzzzzzzzzz.(je sais je sais, faut attendre le retour du jeudi...)
B
Oui... les ennuis à Loïc sont pas terminés, j'présume!
S
et hop revoilà Fabio, pauvre agneau!
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