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Lavis noir
28 avril 2008

52 - Toujours jamais

D_ailleurs_la_perruque_avai

52 - Toujours jamais

    Comme Loïc l’avait indiqué lors de son interrogatoire, et que Josy le confirma au réveil de son opération, l’homme au bras planté portait une perruque et, vraisemblablement, une barbe postiche. D’ailleurs la perruque avait tourné lors de la bagarre avec Josy, et Loïc n’aperçut que la moitié d’un visage barbu, auquel il fut bien incapable de donner un âge ou un signalement. Tout juste Josy et lui s’accordèrent-ils à lui trouver une corpulence forte pour une taille plutôt moyenne. Bref, le meurtrier, si tant est que ce fût bien le même homme qui avait trucidé Elo et Miche et tenté de trancher la gorge à Josy, pouvait être n’importe qui et tout le monde. C’est du moins la conclusion que tira le juge Teurman, à la lecture de la synthèse que lui fit l’inspecteur principal Garrin de ce que les journaux avaient fini par appeler l’affaire du « bourreau de la Butte».

    Pourtant, Teurman n’était pas favorable à la confrontation générale programmée par Garrin: trop de suspects tuent le suspect, proférait-il doctement, et, pour lui, cette espèce de grand déballage ne pouvait que produire encore plus de confusion. C’est pourquoi il refusa de la cautionner, renvoyant la police au procureur, pour en obtenir le feu vert. Pour Garrin, vu le bordel que commençait à faire cette histoire, cette autorisation lui paraissait relever de la formalité, genre prolongation de garde à vue. C’est pourquoi, lorsque la réponse du proc’ lui arriva, il en tomba sur l’cul : il n’était pas question de « convoquer pour une enquête dans laquelle il n’apparaissait pas qu’ils pussent être impliqués, de quelque sorte que ce fusse, Messieurs Lucien Raymond Hortec et Fabio Matteo Enzo Nera ». Outre un usage hasardeux et superfétatoire du subjonctif, la note laissait nettement entendre aux flics zélés de lâcher les baskets à d’honnêtes citoyens qui n’avaient pas à frayer avec des raclures d’égout comme Toussaint ou même Lekervelec.

    La loi étant la loi, l’inspecteur principal Garrin mis sa convoc’ géné’ dans son tiroir, le ferma à clé et fit avaler celle-ci par Frantz, le doberman du Trianon, un gros con de dog qui bouffait tout c’qu’on lui balançait avec un peu de persuasion. C’est dire si l’inspecteur principal était contrarié ! N’empêche qu’il ne se privait pas d’envisager de convoquer quand même, à titre de témoins, les citoyens en question: c’est pas parce que le haut du panier d’la pègre chie dans les allées du pouvoir, que la police républicaine doit lui torcher l’cul avec la langue. Garrin était homme de convictions, et ça allait dépoter. Parole de flic.

    C’est comme ça que le vrai gros bordel commença. Parce que quelque part du côté de Montmartre, un cogne un peu obtus et idéaliste, se prit un jour pour l’inspecteur Harry, et crut qu’il pouvait mettre au pas des truands prospères. Et c’est pour ça que Loïc Lekervelec vit, encore une fois, son destin basculer dans les eaux troubles de la misère humaine et du bouillon d'onze heures. Parce que Garrin ne l’avait pas prévenu du changement de programme, Loïc. Personne ne le prévenait jamais de rien, d’ailleurs. Toujours jamais.

à suivre

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Commentaires
H
miaou?
K
Ben non, Stephan, il reste toujours Catwoman! Happy T. va s'en donner à coeur joie!
S
ben, si c'est une femme il reste pratiquement que Josy pauvre agnelle. Mais non elle ne s'est pas auto-mutilée tout de même.
B
Hé hé...
K
Ah ben tiens, vlà le gang des postiches qui réapparaît... L'assassin serait-il une femme?
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