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Lavis noir
18 février 2008

32. Un grand rire plein de dents

Si_tu_touches_mes_chouzes

32. Un grand rire plein de dents

Et c’est là, moi j’dis, que Loïc Lekervelec, c’était pas seulement une extravagance de l’espèce, une aberration cosmogonique ou une déviance génésique… Non, Loïc Lekervelec, c’était un destin!

Parce que, compte tenu du gros bazar, entre faux lavis et sourire kabyle, n’importe qui d’un peu sensé, à la place de Lekervelec, se s’rait fait la paire au Brésil ou à Plounéour-Trez…. Sauf que, faut croire, Lekervelec, il était pas sensé, puisqu’on le vit, le soir même de son grand oral avec Miche, s’enquérir, des deux côtés du pont d’la Butte, auprès de tout ce que la place Clichy comptait de voyous et de malhonnêtes, pour savoir s’ils auraient pas aperçu Toussaint l’Haïtien dans les parages.

Son idée, à Loïc, c’était que puisque la Miche était visiblement pas au courant pour la garantie, et que le fric semblait disparu, il allait causer un peu de la coupe de la canne à sucre avec l’antillais fou! Ses idées malsaines de chantage l’avaient repris… Toussaint, il finit par le retrouver, lancé dans une partie de billard au Cercle Clichy… Il venait de se faire sortir sur un rétro malheureux qui lui avait fait empoché sa blanche, et il était à cran. C’est pourtant le moment que choisit Loïc pour l’aborder :
- Alors Toussaint, ça baigne ?...

- Tiens Barbouille !... Non, mon vieux, là. Ça baigne pas, là. Je vais me faire ratatiner mille balles comme rien, là, si ça continue !
- Merde, ça c’est con, alors, compatit Loïc en se rapprochant du comptoir près duquel l’antillais remettait de la craie bleue sur sa queue…
- Gaffe où tu mets les pieds, lui intima Toussaint… Si tu touches mes chouzes…
Loïc, affranchi du fétichisme du blackos, fit un pas en arrière, histoire de pas risquer de maculer les bottines vernies à Toussaint.
- Ais pas peur, ça risque rien…

- Mais dis donc, là, c’est pas pour me voir faire une série d’quinze, je suppose que t’es venu, là…
- Non, non, j’passais au Cercle, comme ça, et j’t’ai aperçu… Parce que, figure-toi, que j’ai une relation, un client, qui collectionne les schlass de tous les coins… Et comme j’lui parlais de ta navaja de ouf, il m’a dit qu’la Malaga, justement, c’était comme qui dirait un Graal… Alors, en te voyant, j’m’ai dit, « tiens faut qu’j’en touche deux mots à Toussaint, des fois qu’il s’rait vendeur… »

Loïc avait bien conscience de ce que pouvait avoir de lamentable son entrée en matière, mais il fallait bien tâter un peu l’terrain, et voir comment l’antillais allait réagir. Toussaint réagit. Pas tout à fait comme l’espérait Lekervelec, mais il réagit :
- Alors là, mon vieux, tu tombes mal, là ! Figure-toi que je l’ai vendu y a à peine un mois, là, pour décorer la baraque d’une kéké de Montmartre ! Ma parole, il y a plus de demande sur l’arme blanche que sur la pute créole, alors! Et il éclata de son grand rire plein de dents.

- Effectivement, c’est marrant… Et c’est qui la kéké de Montmartre ?... tenta, pitoyable, Loïc…
- La kéké, je sais pas Barbouille… Mais celle qui me l’a acheté, là, je sais… Et tu la connais bien aussi, mon vieux, parce que c’est Miche la Gratouille, là !

(à suivre…)

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Commentaires
B
Et encore: t'as rien vu...
P
La garce!
B
Eh oui...
H
Dieu!
B
N'est-ce pas?!!!
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