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Lavis noir
31 janvier 2008

27. La première fois de sa vie

dreams_are_my_reality

27. La première fois  de sa vie

Rentré chez lui, dans son gourbi d’la rue Polonceau, Loïc fourra la navaja sous les coussins de son canapé pourri, saisit la bouteille de Four Roses qu’il avait chouré chez Farid, l’arabe d’la rue Cavé, et s’en servit un grand verre à Pernod. Lekervelec se sentait d’humeur sombre. Il avait beau essayer d’avoir l’air d’en avoir deux, tout ça, les lavis, vrai et faux, le pognon à Josy, Lulu et Toussaint, ça lui faisait un peu tourner la tête… Et Elo, crevée, aussi… Et du coup, de repenser à Elo, Loïc était triste. Et du coup, d’être triste, il buvait. Il s’alluma un pèt’, se resservit un verre et s’allongea sur son canapé… Il revoyait Elo, égorgée, presque décapitée… Nue dans son sang, il la revoyait… Il avait froid maintenant.

Depuis tout petit il avait pris l’habitude de regarder par la fente de la cloison de planches mal jointes… C’était une toute petite fente, mais il avait de tout petits yeux. C’est comme ça qu’il pouvait la voir se déshabiller … Plus que de l’exciter, ces chairs blanches, un peu flasques, ces rondeurs molles l’intriguaient. Et la touffe poilue, aussi, qui parfois laissait apercevoir une espèce de barquette Lu à la fraise, que Mémé Denise lui donnait, le dimanche, après la messe à Calorguen, et qu’il léchait avant de la croquer en riant… Souvent elle n’était pas longtemps seule, et tonton Louis se mettait tout nu aussi, et il l’embrassait et il la léchait partout et sur la barquette aussi… Elle riait et gémissait en même temps en lui disant « arrête, arrête », mais il continuait et elle riait encore. Et alors il se couchait sur elle disant « salope, j’va te défoncer l’cul ! », et ils criaient tous les deux. A ce moment, il s’éloignait toujours de la fente entre les planches, en fermant les yeux, tellement il avait peur.
Tonton Louis, c’était pas un vrai tonton, mais un monsieur qui venait souvent à la maison pour se mettre tout nu avec maman. Souvent, aussi, ils buvaient et ils se disputaient et tonton Louis criait qu’il allait la saigner comme la Gorette, la truie à Mémé Denise… Et alors il avait encore plus peur. Puis ils allaient dans la chambre et se mettaient tout nus et ils rigolaient…

Loïc, en sueur, grelottait… il but une longue rasade, directement à la bouteille : le bourbon lui brûla un peu l’œsophage, mais il avait toujours froid. Il marchait derrière la fourgonnette noire et grise, sa main glacée dans celle de Mémé Denise qui pleurait beaucoup. Lui il essayait bien, mais les larmes ne venaient pas… Il avait jamais su pleurer, même dimanche dernier, en revenant de la messe, quand Tonton Louis avait crié plus fort que d’habitude, tellement même qu’il avait pas osé regarder par la fente de la cloison. Puis il avait entendu tonton Louis qui disait doucement: « Te v’la bien avancée maint’nant, hein, te v’la bien avancée… ». Il avait regardé alors par la fente. Maman était allongée par terre ; on aurait dit qu’elle avait la tête toute renversée en arrière comme si elle riait. Tonton Louis, tout nu, regardait maman, l’air tout drôle, avec son beau poignard de parachutiste, qu’il avait ramené d’Algérie, dans la main, et avec plein de sang dessus. Du sang il y en avait aussi plein sur la petite barquette Lu à maman, et sur son ventre et dans la grande fente dans sa gorge, qu’il voyait bien à travers la petite fente de la cloison... Loïc se redressa sur le canapé en hurlant.

Quand Josy entra, il était assis par terre et il pleurait. Loïc Lekervelec pleurait. Pour la première fois de sa vie.

(à suivre…)

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Commentaires
S
'tain the cow !<br /> Tonoton Louis faut croire l'était comme Pek', l'aimait pas les barquettes Lu à la fraise (j'vais t'défoncer l'cul salope", tu m'etonnes que maman elle devait se fout' de sa gueulle ! M'enfin quand même se r'trouver avec le sourrire kabyle c'est rude. Du coup la pauv' agnelle à 60 000 qui débarque elle a presque un côté touriste au Kenya.<br /> Bon dans la vitrine j'ai vu de la gisquette de qualité là bas, alors j'y vais... ah non merde on est samedi c'est fermé... bon on verra lundi alors.
H
oups,ousp! j'ai perdu le lien en route,chsais pas, p'tét' l'heure, en tout cas vous perdez une super occas pour le rêve(he,briscacahuettes,gl'ai pas raté le circonflescque,c'coup ci)
B
Rêver... Ah rêver, c'est autre chose, encore...
H
y pense pas des masses , mais, avec ses potes de boheme, parfois y s'prenaient à rever:<br /> </object
B
Mais est-ce qu'il pense, au moins, Lekervelec?...
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