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Lavis noir
28 janvier 2008

26. Mauvaise pioche

toussaint

26. Mauvaise pioche

Loïc jeta un coup d’œil dans la rue Cortot, déserte à cette heure, et referma derrière lui la porte sur le cadavre à moitié décapité d’Elo. Faut dire qu’avec le putain de coupe-chou qu’il avait ramassé, on aurait pu couper une couille d’éléphant comme une feuille de Rizlacroix! Loïc avait enveloppé, après l’avoir replié, le poignard italien dans son tire-jus crasseux, un Cholais à carreaux grand comme un drap d’jeune fille. Parce que Lekervelec, qui avait tripoté avec ses patounes pas fraîches à peu près tout l’mobilier d’intérieur de la chanteuse clamsée, et laissé ses empreintes bien grasses sur toutes les surfaces, sauf celle des chiottes, Lekervelec, fin bec, précautionnait l’arme du crime, à des fins qu’il prévoyait vaguement rémunératrices… Sûr que l’heureux propriétaire de ce magnifique coutelas, serait ravi de pouvoir le récupérer moyennant quelques billets de mille… et peut-être même un dessin… genre lavis et sanguine… C’était ça qu’il se prévoyait, comme avenir Loïc: faire un peu chanter le grand air du « Donne-moi tout, j’dirai rien » à Toussaint.

Toussaint l’Haïtien, on l’appelait l’haïtien, rapport à l’autre Toussaint, Louverture, mais en réalité, c’était un guadeloupéen, un des antillais d’la place Clichy, qui fournissaient parfois Loïc en daube de second choix et en modèles nus défraîchis pour ses cartes cochonnes. En fait, c’était le plus branque d’entre eux… Son jeu préféré, à Toussaint, c’était de tailler le bout du téton droit de ses protégées, ce qui leur laissait un jolie petite boursouflure, quand ça leur infectait pas complètement l’nichon ! «Comme ça, tu es marquée à moi, et si les cow-boys de Barbes te volent, je te retrouve dans le troupeau !» rigolait-il, quand elles s’indignaient de la mutilation. A l’époque, il en avait bien une douzaine, de tranchées, qui tapinaient du Boulevard de Clichy à la rue Blanche, avant que les travelos brésiliens n’investissent le lieu. C’était pas des grosses gagneuses, mais sur la quantité il arrivait à tirer de quoi s’payer des costards à rayures et des boots vernies… Les boots vernies, c’était son truc à Toussaint ; il en avait une petite trentaine de paires, et fallait pas lui marcher dessus, parce qu’alors sinon il se fâchait beaucoup ! Un barman du P’tit Poucet s’était fait embrocher pour avoir failli à l’amical conseil que Toussaint dispensait à tout venant : «Touche pas à mes chouzes!»

Et c’était ce malade notoire, ce brinquezingue de première, que Loïc l’Héroïque, s’était mis en tête de faire chanter… Mauvaise pioche.

                                                                                          (à suivre...)

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Commentaires
B
Au fait, Pek', t'as viré ton truc en douce... Quand même, t'aurais pu laisser une petite trace, juste qu'on vienne y laisser un p'tit comment, comme le vieux chien pourri à Vébé laissait ses p'tites pisses sur des vieilles odeurs disparues mais toujours prégnantes de ses amitiés doguesques...
B
HT: les seins ouverts, c'est AU FIGURE! Merde, c'est vrai quoi à la faim...
B
Pek', t'es un lacheur! On peut même plus te dire c'qu'on pense chez toi!... Sinon, au Balto, y a encore un petit souffle de vie, pour qui veux... Et des coups à boire, encore et toujours!
P
Ouais effectivement c'est pas loin de chez moi la rue Polonceau. Va savoir... C'est peut être lui que je croise parfois... Marchand de sommeil... Arf... voilà une activité qui ne risque pas d'être en crise.
H
sans compter que d'se balader les seins ouverts,de ce temps...<br /> qu'elle idée?
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