3. In love
3. In love
Loïc, moi j’l’ai un peu pratiqué quand il s’est mis à fréquenter la Josy ; plusieurs fois il était v’nu la chercher au P’tit Bat’, mon bistro… Et on dira c’qu’on voudra, mais si c’était pas vraiment l’homme qui tombe à pic, ni le loup-garou du bougalou, Loïc était assez beau jeune homme à l’époque, avant qu’les boissons fortes et le tabac brun ne lui ravageassent définitivement la face. En outre c’était un enjôleur de première bourre, porté qu’il était par une libido peu commune et une imagination qui ne s’exprimait pas seulement dans ses illustrations pornographiques, mais également dans un langage fleuri qui se fertilisait du fumier de son âme…
Aussi, quand il se mit à avoir des vues sexuées sur Josy, et qu’il commença à l’appeler sa « petite loufiate à miches », cette dernière, pauvre agnelle - servante plus que serveuse au Nord-Sud - ne put retenir les émois que l’artiste provoquait dans son intimité vulvaire ; et lorsqu’il lui commandait un tablier d’sapeur, loin d’évoquer la tripaille lyonnaise sollicitée, elle se prenait à s’imaginer qu’il lui intimait l’ordre de le servir nue avec un tablier. Voire sans tablier.
Loïc, bitard, mais piètre connaisseur des ressorts complexes de l’âme féminine, ne se rendit pas compte tout de suite de l’ascendant qu’il avait sur Josy. Et quand elle renversa la crème brûlée de la formule du jour, sur son pantalon de velours côtelé, il attribua ce geste inconsidéré à une maladresse de débutante, et faillit lui r’tourner une mandale façon raquette. Il ne s’agissait en fait que d’un dérèglement des sens, qu’elle avait bien exacerbés, et de certaines moiteurs, qui l’humidifiaient bien fort aussi, bas ventre et d’ssous d’bras, et qui lui rendaient la préhension maladroite… En un mot comme en cent, Josy était en train de tomber in love. Mais sévère grave.
(à suivre)
Commentaires sur 3. In love
- Dis donc, briscard, c’est quand même bien toi qu’est du métier, non ?
On a pas fait tous ces kilomètres pour s’entendre dire « chè pas si chpeu » !
Ou alors on se sert tous mais là, c’est vite le bordel : « y manque le sucre pour l’café, ki c’est qua fini l’pernot et qu’en a pas racheté, bordel y a p’us d’pécu (PQ) »
Bon,j’me sert un p’tit café dans une grande tasse a moins qu’il y est un partant pour un demi à c’t’heure là ?
